Where do I begin? The choices are endless Denying the sin My art, my redemption I carry the torch of my fathers before me Disturbed.

Il était encore là ce vieux pervers enrubanné d’une cape, ses prunelles obstinément braquées dans sa direction, tandis que le petit garçon dardait les siennes avec arrogance sur cet être qu’il ne connaissait pas, celui qui n’avait de cesse de lui faire parvenir par l’intermédiaire d’un oiseau apprivoisé divers paquets, comme s’il avait toujours cherché à attendrir le gamin qui n’avait pourtant jamais fait l’effort de s’approcher de lui. Et lorsqu’une sœur faisait mine d’aller le voir pour l’interroger, l’homme rebroussait chemin à travers les landes, laissant la femme interdite, le visage émacié d’inquiétude lorsqu’elle faisait glisser son regard jusqu’au petit garçon qui tenait dans ses bras un paquet, une lettre, ou toute autre chose, le volatile paisiblement installé à ses côtés.

Attendant sans le moindre doute que le gamin lui donne une lettre à porter à son maître, une réponse à ces maudites missives, cette étrange correspondance que tous deux entretenaient, parlant du ciel, de la terre, et de ce que contenaient les livres qui se trouvaient toujours dans les paquets, qu’au départ il s’était contenté de jeter dans un coin après les avoir vaguement survolé… puis lu avec un fourbe intérêt… l’incroyable sonnait à sa porte, l’impossible ondulait à ses pieds, pourquoi le répudier ? Mais jamais il ne répondit au pervers, comme il se plaisait à le surnommer. Qui d’autre après tout se permettrait de tourner ainsi autour d’un orphelinat, sans jamais s’adresser aux adultes, demander l’once d’une permission pour communiquer avec l’un de leur pensionnaire. Il avait fallu une lettre… celle qui avait suivi l’hospitalisation… enfin ne gâchons pas les termes, l’internement de Neela, pour éveiller l’entière attention de Balthazar, qui, sa sombre chevelure en bataille sur ses traits, avait prêté une étrange attention aux lignes tracées avec élégance sur le parchemin.

Balthazar,

Que comprennent-ils à ce que nous partageons mon enfant ? Quelle appétence éveille en toi les écrits que je te fais parvenir ? Crois-moi, un jour peut-être, tu en comprendras toute l’importance, et tu t’ouvriras à un univers qui ne saurait te rejeter. Néanmoins, rassure-toi… je paierai les soins de Neela, réparant ainsi ce que tes diableries ont fait à son esprit ce fameux jour. Crois-tu que j’ignore ce qu’il s’est produit ? Crois-tu que personne n’aurait pu être témoin de l’étincelle qui brilla dans ton regard brûlant de rancœur, de colère, de plaisir ? J’étais là, dans l’ombre taciturne du brouillard, témoin immuable de la première esquisse de ce dont tu es capable, mon abominable filleul.

Ici s’arrêtait ce que le Diable avait pu écrire à l’enfant de neuf ans à propos de cette fameuse fois, l’ayant alors laissé sauter du muret sur lequel il se trouvait, un étrange sourire aux lèvres, s’avancer et brûler le parchemin sans le moindre remord, sans la moindre hésitation à l’aide d’une allumette qu’il avait extirpé de sa poche. Ce que personne ne pouvait lire, ce que personne ne pouvait savoir, ne ferait jamais de tord. Il l’accusait d’avoir fait du mal à Neela… peut-être qu’au fond c’était le cas, que ses gestes avaient terminé de briser l’éclat devenu trop fragile de son âme, mais c’était Liam le véritable coupable, le premier et le seul à avoir perdu la vie cette fois-là, le visage croupissant dans la boue de son propre sang.

Ainsi, il avait lui-même répondu à cet homme juste deux mots sur un morceau de papier froissé… La douleur. Avant que de véritables conversations se tissent entre eux par l’intermédiaire de ces lettres, les laissant s’observer sans que jamais le petit garçon n’esquive un geste de sa petite bordure. Après tout il ne savait rien du pervers, ni ce qu’il attendait, ni pourquoi il lui faisait des cadeaux ou perdait son temps à bavasser avec lui par l’intermédiaire de mots égarés sur des papiers noircis par le temps. Encore à cette seconde, le gamin restait là à le regarder, un paquet posé sur ses genoux, le volatile à ses côtés, une enveloppe trônant entre ses doigts fragiles, à la seconde où la bonne sœur sorti d’un pas vif en direction de l’homme en question, qui ne tarda pas à rebrousser chemin, disparaissant dans le brouillard d’Irlande, avant qu’elle ne revienne d’un pas tout aussi décidé près du petit garçon.

« Sais-tu qui c’est Balthazar ?
- Mon parrain. » souffla l’enfant en faisant tourner le papier ancien entre ses doigts, sans lui prêter le moindre intérêt direct.
« Tu n’as pas de parrain mon garçon, ou tu ne serais pas ici.
- Tout le monde n’a pas envie d’avoir des enfants dans les pattes. » répliqua-t-il en levant son regard dans sa direction.
« Peut-être, mais nous le saurions s’il te restait de la famille. Il ne t’a jamais proposé de le suivre n’est-ce pas ? Tu sais qu’il pourrait vouloir… » les mots paraissaient avoir des difficultés à s’extirper des lèvres de la vieille femme dont les cheveux gris restaient dissimulés sous sa coiffe.

Mais qu’il avait déjà vu un soir où il avait entraîné certains de ses copains à aller l’espionner, pour convenir qu’elle était une véritable horreur, et qu’elle avait bien raison de se cacher. Aussi ne fit-il aucun effort pour l’aider, jouant à l’innocence quand la sienne avait été bafouée par ce que Liam avait cherché à faire à sa ‘petite sœur’, il faisait comme s’il ne comprenait pas parfaitement où elle voulait en venir… Elle voulait savoir si le pervers ne lui avait jamais fait de proposition indécente, et bien non, jamais. Malgré son surnom, il n’avait jamais poussé l’enfant à le rejoindre pour jouer à des jeux de vilains, pourtant il savait, il aurait pu révéler tout ce qu’il savait, mais non.

« … profiter de toi ?
- Comment ça ?
- Et bien… Tu sais… ce qu’un homme et une femme font pour avoir un enfant, certains adultes aiment le faire aux petits garçons sans leur permission.
- Il n’est pas comme ça.
- Et que te raconte-t-il dans ces lettres ?
- Rien. » souffla l’enfant comme si ce simple mot pouvait contenir tous les mystères de l’univers à lui seul.

D’ailleurs, il sauta au sol, s’éloignant de quelques pas lorsque la vieille chercha à s’emparer de l’enveloppe, le laissant glisser cette première et son paquet derrière le dos sous l'ébauche d'une même main, tandis que l'autre laissait son poing venir frapper le ventre de son agresseuse sans le moindre remord, un léger sourire perfide naissant sur ses lèvres juvéniles. Alors qu’elle se pliait en deux sous le choc, la violence du coup, tandis qu’elle entrevoyait un Balthazar parfaitement normal, qui la regardait comme si rien ne venait de se passer… Diable, ce qu’elle pouvait maudire cet avorton à cette seconde, et que cela soit un péché ou non ne l’empêchait pas de le faire mentalement, ne pouvant se contenir, n’ayant que la plus fourbe envie de coller une raclée mémorable à ce gamin qui visiblement n’en avait jamais assez reçu.

« Si on vous le demande, vous avez trébuché… ou alors je dirai que… ‘ce qu’un homme et une femme font pour avoir un enfant’, vous aimez ‘le faire aux petits garçons sans leur permission’, et que c’est pour ça que je me suis défendu. » persifla-t-il en reprenant une grande partie des paroles de la vieille femme, qui de toute évidence n’étaient pas tombées dans l’oreille d’un sourd, tandis qu’un sourire innocent naissait sur ses lèvres délicate. « Je pourrais avoir une glace ? » tenta-t-il en poussant l’audace un peu plus loin, dardant des prunelles trop intelligente sur la femme qui se relevait, sans le perdre des yeux.
« Bien sûr…
- Chouette ! » s’exclama-t-il avant de s’éloigner pour ouvrir le paquet, dont le papier dissimulait un autre livre, un autre traité sur la magie.

Celui-ci expliquait comment s’allier certaines créatures les plus redoutables… matière qui serait un beau jour enseignée à Poudlard, école sur laquelle il avait déjà lu certains ouvrages, dont son histoire, école qu’il espérait rejoindre, et qui… par Merlin, n’aurait à cette époque, jamais eu l’audace de pousser les êtres à penser que la magie noire, ou une quelconque autre méthode, pourraient un jour y être enseigné. De plus, il avait déjà eu la chance de se rendre compte que ce que dont les livres parlaient, existaient bel et bien, pour preuve, il avait déjà vu de petites créatures dans les jardins, pour être plus exact… des gnomes. Bien évidemment, les moldus ne les voyaient pas, à croire qu’ils étaient littéralement aveugles. Mais déjà, négligeant le nouveau présent du pervers, le gamin s’empara de la lettre qu’il décacheta pour lire à nouveau ces lignes, ce discours mesquin et pourtant si perçant. Car malgré les mauvaises paroles de la sœur, le petit garçon savait pourquoi IL ne pouvait pas le prendre avec lui… il était en fuite, en cavale, mais il savait des choses, lui rapportait des choses sur son père, celui que sa chère et tendre mère moldu avait tout simplement conduit à renoncer à ses pouvoirs comme s’il s’agissait là d’une tare. Lui n’y renoncerait jamais… même pour tout l’or du monde, et certainement pas pour une fille. En plus elles bavaient, alors…