Ce petit garçon là-bas, avec la crête sur la tête et la peinture sur le corps, voyez, c'est le fils Oridor, une famille de sang plutôt pur assez connu dans le monde sorcier anglais bien que très peu influente car purement française. Il s'appelle Laël, ce qui veut dire dédié à Dieu, car il paraît que sa mère, très croyante, A réussi à se faire mettre enceinte par un prêtre, et puis Jerôme, mais personne ne sait pourquoi, un saint surement. C'est un français, née français, il parle même anglais avec ce détestable accent même s'il a passé la majeure partie de sa vie à Londres. Et quelle partie ! Parce que, voyez-vous, maintenant, il a dix-neuf ans mais il ne sait toujours pas ce qu'il fait et, à part le fait que ce soit un très bon élève de cinquième année apprécié et connu de presque tous, c'est plutôt un marginal qui dessine des dragons à longueur de temps et qui porte des caleçons roses comme on n'en voit jamais. En fait, c'est un drôle de guignol qui aime autant les filles que les garçons, mais qui surveille constamment son vocabulaire et récite du Verlaine ou du Baudelaire aux jolies filles qu'il rencontre. C'est un peu comme un dandy un peu moderne et affreusement rare. Mais le meilleur, c'est quand il sort sa baguette, c'est une brindille immense qui frôle les trente centimètres, elle contient un crin de licorne rousse d'Alaska enrobé dans un chêne millénaire français et elle est maniée par un poignet tellement souple qu'elle semble caresser l'air dans une douce mélodie à chaque fois qu'elle bouge. Et puis c'est une baguette qui sort n'importe quel sort avec la même indifférence, qu'il soit noir, blanc, ou vert, elle et son propriétaire s'en fichent un peu car, dès que Laël aura fini ses sept années d'étude, il plaquera tout pour aller élever des dragons vers le vaste horizon qu'est la Russie, ce qui est plutôt étrange pour un piaf, car, à part les notes et la tête fourré dans ses bouquins, le tatoué n'en a ni le comportement, ni la carrure, encore moins les idéaux. Les études, même si cela semble être une des choses dans lesquels il réussit le plus, cela l'ennuie affreusement. Mais passons à la partie la plus intéressante, comme son patronus par exemple qui est un canard un peu obèse qui volette en rond sans jamais s'essouffler malgré son poids imposant, avec cet air d'imbécile heureux sur le visage et qui sème sur son passage une petite poussière lumineuse qui sait mettre les gens de bonne humeur, un peu comme son épouvantard. Non, ce n'est pas une blague, mais son épouvantard donne irrémédiablement le sourire à n'importe quel élève normalement constitué et usé par les périodes scolaires. C'est un banc de fin sable blanc qui vient caresser ses pieds avec une légère vague d'eau turquoise. Vous pourrez vous attendre à ce que le sable le mange ou se transforme en poing pour le taper, mais non, son épouvantard est juste une plage, une banale plage qu'il n'a toujours pas réussi à vaincre, il préfère regarder cette petite vague, les yeux vitreux. La chose la plus effrayante chez lui, c'est sûrement sa gourmandise, il a toujours une friandise sur lui et mange sans arrêt, d'où sa grande activité sportive pour garder sa ligne. Quoi que non, la chose vraiment effrayante chez notre Lala international, ce sont ses absences. Vous le verrez souvent se stopper en pleine activité, ses yeux se figeant, sa respiration se saccadant, puis, au bout de quelques instants, il cherchera quelqu'un autour de lui puis reprendra ce qu'il est en train de faire. Certains disent qu'il a une case en trop qui lui comprime le cerveau, d'autre qu'il peut prévoir certaines choses. Un voyant ? Oui, c'est la folle rumeur qui cour sur lui. Et la seule d'ailleurs, car, bien que marginal, c'est un garçon respectable.