you & me fall in sins of an unknown origin ▬ r.

« ces plaisirs violents ont des fins violentes, et, dans leurs excès, meurent, tels la poudre et le feu que leurs baisers consument. » Le jeu s'était instauré dès son arrivée. Il était beau et ténébreux, absolument parfait. Une douce folie emplissait ses grands yeux vairons, et j'avais su dès le premier jour que quelque chose s'était passé quand son regard sombre s'était posé sur moi. Il était pourtant connu pour ne pas faire grand cas des filles avec qui il couchait, mais j'avais la drôle d'impression d'être spéciale, même s'il était parfois distant, ou vénéneux à mon égard. C'était un jeu, après tout. Peut-être espérais-je trop de lui. Peut-être n'étais-je qu'une petite putain parmi tant d'autres, passées ou futures. Mais c'est dans ses yeux que tout est arrivé. Il y eut une étrange tendresse d'abord. Et puis finalement, ce à quoi je m'attendais : le désir. Celui qui vous brûle là où les yeux de votre amant vous regardent. Je savais qu'on ne mettrait pas longtemps à consumer notre passion. Je le savais. Je l'avais su à l'instant où sa main douce avait effleuré chastement mon épaule, et où sa bouche qu'il me tardait d'embrasser s'était rapprochée de mon oreille afin de me murmurer : « vous viendrez me voir à la fin du cours, mademoiselle Brandt-Storm. » Le fantasme malsain du professeur et son élève avait prit place dans nos esprits sans que nous ayons eu à l’énoncer. Il était de toute façon préférable que nous gardions le secret.
Le jeu était cruel. Il me menait sur des sentiers battus par le désir et le divertissement. Tout était affaire de préliminaires. Ne jamais passer à l’acte, s’amuser avec le corps de l’autre jusqu’à l’épuisement, mais ne jamais laisser nos envies animales prendre le dessus. La tentation était pourtant forte. Y céder était sans doute l’une de nos plus grandes soifs, mais il s’agissait de profiter au maximum des capacités de la libido de l’autre. Nous laisser aller aux pires ignominies exploratoires, tout en s’efforçant de résister au plaisir de dévorer sans fin chaque parcelle de la peau de l’autre.
J’envisageais souvent de lui parler. De discuter sur l’oreiller – même si nous étions plutôt habitués aux endroits insolites comme le premier placard à balai passant à notre portée. Je ne mourrais pas d’envie d’en savoir plus à son sujet ; je n’étais moi-même pas bavarde ; je ne me lassais pas non plus des plaisirs charnels qu’il me procurait, rien qu’en effleurant ma poitrine ou en embrassant ma gorge. J’aurais voulu un peu plus de communication de sa part. Un jour peut-être tenterai-je quelque chose… Pour l’heure, nous n’en étions qu’à la pratique & non pas à la théorie de nos rapports semi-sexuels.

« Vous m'aviez demandé professeur ? »

Je me tenais dans l’encadrement de la porte, bien droite, les bras tendus devant moi et les doigts liés comme une enfant modèle. Mes cheveux blonds étaient lâchés sur mes épaules blanches légèrement dénudées, du fait que je portais ce petit haut noir dont les fines manches de dentelles tombaient avec préciosité sur ma peau de porcelaine. J’avais préféré garder ma jupe d’écolière – jupe qui avait coutée la modique somme de dix gallions, et qui pouvait être aisément classée dans les jupes hautes coutures pour sorcières – au cas où un professeur mal luné aurait l’intention de me faire remarquer que je n’avais aucun élément de mon uniforme sur le dos, ce qui ne dérangeait plus personne depuis un certain temps d’ailleurs. Perchée sur mes escarpins noirs vernis, mes jambes étaient encore plus longues, et ma silhouette était d’autant plus parfaite. Quant à lui, il portait son sempiternel costume noir, qui lui donnait toujours autant d’élégance. Adossé à son bureau, les bras croisés sur son torse, il me regardait avec ce regard que je ne connaissais que trop bien. Par-dessus le fait qu’il avait l’irrépressible envie de me sauter dessus dans les minutes qui allaient suivre, il me trouvait belle, désirable. Je lui plaisais. Il ne pouvait pas prétendre le contraire, dire à qui voulait bien l’entendre qu’il ne regardait pas les filles avec qui il couchait. Je l’attirais, sans doute autant qu’il m’attirait. Nos corps étaient des aimants qui ne pouvaient lutter bien longtemps avant de se rapprocher irrémédiablement.

Dernière édition par Anthea J. Brandt-Storm le Mer 7 Avr - 18:34, édité 1 fois

« Aimez-vous donc avec modération. »… Un adage qui m’avait toujours parut fantasque et bien dérisoire dans sa pensée implicite, car comment aimer avec modération lorsque le feu de la passion brûle le corps des hommes à en espérer l’apaiser au contact d’un autre feu tout aussi brûlant ? C’était ce sentiment que je ressentais chaque fois que mon regard unique et déplaisant se portait sur la silhouette de cette délicate créature, succube à mon enfer, putain de mon cœur de glace. Un simple regard de sa part suffisait à me conforter dans la pensée qu’elle ne pouvait que m’appartenir, pour une heure ou une nuit, sans que jamais je ne cède pourtant, préférant mille fois attiser son désir par des caresses prononcées, que d’apaiser mon bas ventre en la possédant de corps, en l’explorant et en la faisant mienne. Un contrôle difficile à contenir, car après tout, je n’étais qu’un homme dont les besoins demeuraient malgré tout présents… En acceptant d’enseigner dans cette école, je n’avais pas fait vœu de chasteté, loin de moi cette idée ridicule, et si je ne me permettais pas de déposer cette demoiselle-là dans mon lit, il n’en était pas tout à fait de même pour les autres. Ce qu’elle ne pouvait avoir, je l’offrais à d’autres, ce qu’elle avait elle, je ne l’esquissais pas pour les autres… Un contrat implicite qui me liait à la désirable verte et argent qui avait su capter mon attention dès la première fois où je l’avais aperçue mais à laquelle je ne demandais rien en retour. Tout n’était qu’un jeu après tout, cruel et malsain, mais un amusement malgré tout, où il n’y avait aucun perdant mais bel et bien deux gagnants. Je lui faisais découvrir ce que l’expérience m’avait apporté, me délectant de chacun de ses souffles, étouffant chacun de ses gémissements sous mes lèvres, répondant à chacune de ses attentes. J’aimais la sentir brûlante entre mes bras, et par dessus tout, j’attendais avec fatalité ce moment où elle me supplierait de la faire sienne, où je pourrais découvrir les monts et les merveilles que ses vêtements me cachaient encore, puisque je ne l’avais encore jamais vue en son entier, me contentant de ce que je découvrais au fur et à mesure. Un jour ou l’autre peut-être, jamais sans doute. La patience est mère de toutes les vertus, et c’était avec elle que je le découvrais…

Anthéa Brandt-Storm, délicate fleur aux épines acérées qu’il me plaisait de contempler à la dérobée et qui en l’instant se trouvait face à moi, au moins autant désirable que la dernière fois où je l’avais eut entre mes bras. L’attitude qu’elle arborait en l’instant, petite fille faussement sage, m’arracha un sourire cynique mais ô combien amusé. Cette jeune demoiselle avait tout pour me plaire et bien d’avantages encore, et déjà je laissais mon regard unique la détailler outrageusement, dérivant de ses beaux yeux à ses courbes qui n’attendaient plus que mes caresses. Vile tentation à laquelle je n’avais pu que céder alors que je l’observais déjà durant le cours que je donnais, effleurant son épaule du bout des doigts et lui glissant notre rendez-vous impatient à l’oreille. Aux oreilles d’autres, cela ne pouvait que passer pour un entretien des plus banales, puisqu’il n’était en effet pas rare que je convoque quelques élèves après les cours, pour répondre avec plus de précision à leurs questions ou leur expliquer où résidaient leurs difficultés. Professeur consciencieux en plus d’être vicieux et pervers.

« Vous m’aviez demandé professeur ? »

Sa voix cristalline m’arracha à ma contemplation, m’incitant à hocher imperceptiblement la tête. « Fermez la porte Miss Brandt-Storm », lui glissais-je sous le ton de la confidence, ma voix suave et charmeuse glissant dans les airs, planant telle une ombre menaçante au dessus de ma petite poupée inégalable, avant qu’un geste de ma main ne lui indique d’approcher du bureau où je me trouvais, désireux de défaire sa tenue comme je l’entendais… Quelques pas, avant que je ne termine de l’attirer à moi, ma main frôlant sa taille jusqu’à l’emprisonner pour mieux l’attirer à mes lèvres. Frôlant les siennes, je cherchais déjà son souffle, sans jamais esquisser l’ombre d’un baiser, ma seconde main libre venant d’ores et déjà frôler sa peau d’albâtre, redessinant le contour de ses cuisses, glissant de l’extérieur vers l’intérieur, où l’objet favori de mon jeu m’y attendait sagement …

« est-ce que le sexe est sale ? seulement quand il est bien fait. » « Fermez la porte Miss Brandt-Storm. » Je m'exécutais, puis reportais mon attention sur mon professeur. Il me fixait avec attention, me regardait discrètement de haut en bas. Un mince sourire se dessina sur mes lèvres, le plus mince possible. Puis je me mis à arpenter nonchalamment la pièce, jusqu'à lui. Ses yeux brûlaient ma peau, et je frissonnais déjà en imaginant ses doigts parcourir mon corps frêle, ses lèvres contre les miennes... Ses lèvres qui ne feraient que taquiner ma bouche, qui joueraient avant d'étouffer mes gémissements. Sa main s'accrocha à ma taille, et la brûlure dans mon être comme sur mon épiderme s'intensifia fiévreusement. Comme je l'avais anticipé, sa bouche ne se contenta que d'effleurer la mienne, ne s'y posant jamais, me rendant folle par tant de manières. Des manières qu'il se plaisait à réitérer à chaque nouveau rendez-vous, et auxquelles je ne protestais jamais, les appréciant finalement trop pour y mettre fin en un geste. Son autre main alla se nicher entre mes cuisses, et je sentis la fièvre augmenter de façon menaçante. Il ne tarderait pas à savoir que mon corps ne réclamerait plus que le sien, qu'il ne me donnerait que si son existence même en dépendait -- et je doutais même de cette condition. Mes mains fermement accrochées à sa nuque s'y agrippèrent avec plus d'intensité encore, et mes ongles s'enfoncèrent dans sa peau. Je glissais sur le bureau, à la juste hauteur de mes fesses, et m'y asseyait délicatement, attirant Hareys entre mes cuisses. Sa main monta dangereusement contre mon intimité, et je lançais un regard de défi à mon professeur très particulier. Ma main droite encore posée sur sa nuque, seule désormais que l'autre caressait le dos de Hareys, m'aida à attirer son visage jusqu'au mien. Je sentais son souffle chaud contre mes lèvres, et je mourrais d'envie de l'embrasser, comme toujours. « Vous ais-je manqué, professeur ? » C'était pathétique. Dans une minute ou deux, nous nous tutoierions. Mais je trouvais que conserver le vouvoiement lors de nos ébats instaurait un érotisme à nul autre pareil...
La main qui caressait son dos glissa contre sa hanche, et passa délicatement sous sa chemise. Du bout des doigts, j’effleurais le ‘ V ‘ de ses reins. Mon autre main finie par lâcher sa nuque et je défaisais un par un chaque boutons de la chemise, y allant avec précaution, le faisant mariner comme il se devait. « J’espère que tu n'es pas trop pressé, car moi, j’ai tout mon temps, et je sais en profiter correctement… » La chemise ouverte, j'approchais mes lèvres de son torse, et mordillais délicatement sa peau, y laissant une marque infime. Je l'entendis gémir, mais cela ne dura pas, il voulait sans doute me prouver qu'il était assez fort pour résister à la tentation de se laisser aller par une simple morsure. Pensait-il vraiment que j'étais la seule à être vulnérable ?